Petite
chronique égyptienne 2015
(écrit le 5
décembre 2015)
Déjà
j’en suis à la moitié de mon séjour 2015 à Samalout et je n’ai pas vu le temps
passer. Après quelques jours avec Bernard, l’autre volontaire, qui m’a transmis
tout le travail qu’il a effectué, je me retrouve seule et il y a beaucoup à
faire. C’est assez fatigant et, à ma grande surprise, je dois souvent faire une
sieste vers 16h30 pour
pouvoir continuer le travail de préparation le soir.
Il
y a 36 cours de français par semaine dont la moitié dure 40 minutes et l’autre 1h 20.
Comme ils se superposent parfois, j’ai renoncé aux classes chahuteuses des
13-15 ans et je me concentre sur les classes primaires pour les entraîner à
bien prononcer les u, e, é, è et à ne pas dire i pour e et é pour a comme en
anglais et sur la formation des professeurs. Le prof qui bénéficie depuis 3 ans
de l’aide des bénévoles a fait de grands progrès en conversation et en
compréhension. L’autre prof de l’an dernier est partie et va aller vivre à
Dubaï après son mariage en avril. Comme il y a de nouvelles classes ouvertes,
deux jeunes ont été engagés. Ils sortent tout juste de l’université où ils ont
appris la grammaire et la pédagogie, à base de cris, d’oreilles pincées et
d’envois au coin, bras levés, pour obtenir un minimum de discipline.
Ils
ont tout à apprendre pour comprendre et parler. « T’as
compris ? » : la réponse est toujours « d’accord »
mais même ces 3 syllabes, il a fallu les leur décrypter ! « J’aurais
pu dormir », ce n’est pas facile à décortiquer et pourtant ils enseignent
bien le verbe « pouvoir » au présent. Mais ils progressent car ils
sont pleins de bonne volonté et restent après la sortie de l’école (à 14h)
jusqu’à 16h pour que je leur fasse
répéter des phrases que souvent ils ne comprennent pas, expliquer et faire de
la conversation.
C’est
méritoire de leur part car l’un d’eux a une heure de trajet pour rentrer chez
lui et n’a rien mangé depuis la veille au soir tandis que l’autre doit payer
son retour en tuc-tuc (taxi à trois roues) car elle manque ainsi le bus
scolaire gratuit.
Bernard
seul et lui et moi, cette année et l’an dernier, avons enregistré des heures de
lectures à écouter et répéter. Il a donné à l’équipe un lecteur de CD et de
clé-USB tandis que tout notre travail oral et écrit est enregistré sur les clés
des trois professeurs. Bernard a apporté des dictionnaires et un superbe livre
de phonétique avec CD mais ils n’en sont pas là. J’explique les dessins des
mouvements de la bouche et une de mes cousines m’a passé une méthode que
j’utilise.
Les
6-8 ans prononcent très bien mais, comme ils répondent collectivement,
seulement quelques-uns reconnaissent vraiment la lettre correspondant bien au
son. Comme vous voyez, j’ai de quoi faire jusqu’à Noël sans compter des
classeurs individuels à préparer pour chaque prof avec des montages,
répertoires, photocopies. Heureusement, Bernard a déjà fait une bonne partie du
travail.
Maintenant,
l’école a tous les éléments pour que les profs s’entraînent et Bernard a
enregistré oralement les livres d’apprentissage de tous les niveaux (un travail
énorme) et la directrice envisage d’en graver un CD pour les élèves. Nous utilisons
la bonne vieille méthode Boscher pour débuter.
Coté
distraction, un soir, il y a eu trois mariages. Le premier, plutôt modeste, à
la cathédrale, avec certains invités en djellaba et turban puis la fête
ailleurs, fut suivi de celui de la fille (pharmacienne) de la directrice de
l’école. La foule était beaucoup plus chic avec chaussures et robes ornées de
strass et de broderies scintillantes moulant les corps rebondis de la plupart
des femmes et complets brillants et deux ou trois belles djellabas pour les
hommes avec peu de musulmans. J’ai bavardé avec une jeune femme entourée de ses
cinq enfants dont on ne voyait que les yeux et les mains ornées de bracelets.
Les
invités ont défilé pour féliciter les mariés et leurs parents avant de
partir pour la fête à El Minia, le
chef-lieu de la région à une vingtaine de kilomètres de Samalout.
La
cérémonie assez courte et sans messe se déroule dans l’église fort
décorée. Les bancs sont parés de fleurs artificielles tandis que les
écrans, qui diffusent habituellement les paroles de chants religieux,
projettent une vidéo montrant les jeunes mariés dansant et s’amusant avec leurs
amis loin d’un contexte sacré.
Les
4 palmiers plantés entre l’église et l’école brillent de guirlandes allumées
et, dessous, des projecteurs éclairent une crèche grandeur nature avec déjà les
rois mages et le petit Jésus, un cheval et un troupeau de moutons. A quelques
mètres de là, devant le palais de l’évêque, il y a la crucifixion de même style
sulpicien avec tous les personnages et quelques gardes romains au milieu de la
pelouse.
Pour
sa fille, la directrice avait déjà organisé autour de la piscine, lieu de
rencontre apprécié, une fête et d’immenses banderoles à décor de cœur géant
avec photo du jeune couple ornaient les grilles à mon arrivée ici.
Pendant
ce temps un troisième mariage, célébré dans une autre église, avait sa fête au
« club » autour de la piscine où les tables et chaises en plastique
avaient été recouvertes de housses en tissu brillant et de gros nœuds. Comme
d’habitude, les fleurs dessinées en guirlande et le décor courant le long des
balcons étaient allumés comme pour Noël.
Il
y a aussi eu des ordinations de prêtres coptes avec un repas très apprécié de
la foule mais j’étais en cours et n’ai rien vu sauf l’attroupement au buffet et
tout bien rangé une heure plus tard. Seules traces visibles, quelques assiettes
flottaient encore dans la piscine bleue. Pour ces occasions, les cuisiniers se
surpassent et présentent le buffet coiffés d’une haute toque de cuisinier en
non-tissé et d’une veste blanche qui en imposent.
L’an
dernier, Bernard et moi étions intrigués par la démolition d’une agréable
terrasse avec des moyens si rudimentaires que nous n’en avions pas vu la fin.
Le résultat est une réussite qui a dégagé la vue entre le « club »
autour du bassin et la cathédrale, élargissant ainsi l’espace. La terrasse
transplantée devant l’école est mieux placée et le panorama quand je sors de ma
chambre (la même que l’an dernier) en bénéficie.
La
pelouse, faite de carrés d’herbe importés, les nombreux bacs de plantes souvent
épineuses, les pots de maigres bougainvillées et d’arbustes, quelques petits
arbres aux troncs travaillés en tresse rendent le décor agréable et sont
arrosés avec soin. On est en train d’installer une pompe à eau au milieu de la
pelouse. Après chaque récréation et chaque fête, où les repas sont servis dans
de la vaisselle jetable, les assiettes en plastique, gobelets, couverts et
emballages de biscuits jonchent le sol et flottent ou disparaissent dans la
piscine.
Une
armée de femmes de ménage en tenue verte s’active pour ramasser tout cela et
ranger très rapidement. Elles passent leur temps à laver les sols et les
escaliers, qui sont en marbre ou en
carrelage, à grande eau et j’ai toujours peur de glisser en me déplaçant d’un
cours à l’autre. Les enfants se ramassent vite mais, l’autre jour, un brave
ouvrier n’arrivait pas à se relever ! Je suis étonnée de n’avoir encore vu
aucun enfant tomber dans la piscine autour de laquelle ils courent sans aucune
protection. J’y assiste au cours de natation de quelques jeunes filles moulées
dans leur maillot gris allant de la capuche aux chevilles, si elles ne
choisissent pas de rester en collant et pull. Le corps est bien couvert mais
les formes de ces naïades sont très suggestives !
Ce
week-end, il y a un rassemblement de chefs scouts, certains chauves et
grisonnants. Ils chantent tard dans la nuit et font des jeux et suivent une
formation. Plusieurs sont des jeunes femmes dont quelques-unes musulmanes avec
un foulard rouge ou blanc sur la tête. Il semble que ce mouvement soit encore
bien vivant en Egypte. Les scouts ont installé leurs tentes sur le court de
tennis qu’ils ont enfin balayé de tous les détritus et du mobilier cassé qui y
traînaient depuis l’an dernier. Ils ont mis de confortables matelas pris dans
le dortoir où dorment les guides, Les chemises des scouts sont toujours
impeccables et couvertes d’insignes.
Les
scouts de l’école viennent parfois avec cet uniforme plutôt que celui de
l’école qui, du reste, varie selon les classes et doit représenter un budget
important. Il y a chemise, pantalon, blouson, gilet, tenue de sport,…et la
couleur varie selon les classes et les âges. Les jeunes musulmanes ont la tête
voilée dès l’arrivée de leurs règles : tout le monde est ainsi informé !
Le
court de tennis n’est jamais utilisé et c’est mon lieu de promenade, excellent
observatoire de la grand-rue avec son revêtement en terre battue, ses détritus,
ses voitures à âne et ses tuc-tucs, sa boutique Adidas poussiéreuse et son
marchand de fruits sans oublier quelques camions brinquebalants et
klaxonnant. De là, je vois une forêt de
paraboles sur des immeubles parfois tout neufs ou souvent délabrés avec des
balcons en béton où sèche le linge, beaucoup de bâtiments en construction de
briques qui n’ont pas bougé depuis l’an dernier (faute de crédits ?), le stade remis à neuf avec son sol émeraude et
douze minarets de mosquées, dont deux en construction, qui s’ornent de tubes
fluorescents verts le soir quand la nuit tombe vers 17h.
Coté
bruit, les appels des muezzins dès 3h30
scandent les heures (9h30, midi,
14h40, 17h, 18h40,
etc…) avec de légers décalages créant pas mal de cacophonie. La nouvelle cloche
du campanile de la cathédrale ne fait pas le poids en appelant seulement à la
messe vendredi et dimanche. La nuit, les chiens gardiens d’immeubles inachevés
ou errants font des concours d’aboiements tandis que les nombreux chats en
liberté se battent en miaulant.
Il
y a aussi les sifflements du train à toute heure car le chemin de fer nord-sud
le long du Nil n’est pas loin. Et chaque soir, l’un ou l’autre tire quelques
feux d’artifice que je ne vois pas forcément mais qui résonnent fortement entre
les bâtiments, me faisant sursauter au premier coup. Dans la journée, la scie
circulaire et le marteau dans l’atelier de menuiserie situé dessous ma chambre
sont très actifs. Une équipe y termine de fabriquer tous les bancs de la
cathédrale d’en haut pas encore aménagée : tout se passe dans la belle
crypte avec son baptistère en marbre sculpté et des scènes en mosaïque.
Chaque
banc est décoré de croix et c’est du beau travail, tout comme toutes les portes
en marqueterie et leurs entourages en bois sculpté qui sortent aussi de
l’atelier. Le vernissage du bois se fait en plein air et l’odeur remonte à ma
fenêtre. L’équipe travaille 7 jours sur 7.
Le
bruit de la musique lors des fêtes, les cris aux récréations et les ânonnements
hurlés collectivement des petits en classe font de l’animation et j’ai du mal à
entendre les petits oiseaux perchés sur le dessin en fer forgé haut de trois
étages du Bon Pasteur qui veille sur ma chambre et où ils ont fait leurs nids.
Cette
jolie sculpture orne une façade du palais épiscopal.
Hier,
j’ai voulu mettre le nez dehors par un des sept portails du complexe
club-école-cathédrale qui était entrouvert mais je n’avais pas fait deux mètres
qu’on m’a demandé de rentrer (par sécurité). Je ne peux donc pas aller à
l’église catholique des Franciscains. Tony, un gardien qui ne parle qu’arabe,
m’a proposé de m’emmener à El Minia mais j’ai reçu un veto de la directrice. Il
m’a offert des chewing-gums à l’encens en forme de cœur ! Un goût
bizarre ! Bernard, lui, a été autorisé à sortir et s’est baladé seul dans
la rue mais ni longtemps ni loin.
Hier
j’aurais pu dormir si on m’avait prévenue que c’était la journée du sport.
Mais les jeunes profs n’auraient pas su me le dire et le prof confirmé n’était
pas là. La nuit précédente, son premier enfant était né et il a pris un seul
jour de congé. J’ai souvent rencontré Irène, sa souriante épouse, et Bernard
est allé chez eux. Installés au 1er étage de la maison des parents,
ils ont le confort moderne. L’étage au-dessus est en construction pour le frère
cadet du prof. C’est ainsi que beaucoup de terrasses sont en attente d’un
niveau supplémentaire, lançant vers le ciel leurs tiges de fer pour futur
bétonnage.
La
journée du sport, ce sont un trampoline et des grosses structures gonflables
pour les plus petits et des compétitions et matchs sportifs pour les autres.
Une série de coupes dorées ornée de l’effigie d’un prêtre connu est remise aux
vainqueurs qui partent leur trophée sous le bras.
De
nombreux parents viennent admirer les exploits de leur progéniture et pas mal
de femmes sont voilées, parfois ne montrant que les yeux. C’est l’occasion pour
la petite boutique de l’école qui vend des pacotilles, articles scolaires,
jouets, équipement sportif et biscuits de faire ses affaires. Poupées pour les
filles et armes sophistiquées sont le choix des bambins avec masque de père
Noël et ballons à oreilles de lapin qu’un employé gonfle à l’hélium.
J’ai
voulu acheter de la colle mais tous les tubes étaient défectueux ou sans
capuchon. Les feutres pour tableau blanc utilisés à l’école sont rechargeables
avec l’encre adaptée. Aujourd’hui j’ai confisqué un feutre indélébile avec
lequel un enfant dessinait tranquillement sur sa table. Il le récupérera quand
il aura effacé ses gribouillis, je ne sais avec quoi. A la suite de notre
remarque sur l’usage des mouchoirs en papier fournis par les élèves, seul moyen
d’effacer l’an dernier, tous les tableaux ont été équipés d’une éponge au bout
d’un élastique mais plusieurs ont déjà disparu.
Bernard
et moi avions aussi pensé préférable que les profs de français ne soient pas
isolés des autres comme ils l’étaient l’an dernier, ne se parlant guère.
Maintenant ils sont avec les profs d’arabe des petites classes, des jeunes
femmes souvent voilées qui s’interpellent à voix haute et ça « caquète »
beaucoup, ce qui n’est guère favorable au travail personnel et à l’écoute de
textes à répéter. La sonnerie de leur téléphone est …l’appel du muezzin !
Comme
le prof ancien, je regrette personnellement le calme de l’isolement mais
l’ancien bureau des profs de français est devenu classe de religion musulmane,
ce qui est sans doute stratégiquement mieux pour cette école copte.
Coté
boutique, un petit bazar donne à la fois sur le complexe et sur la rue. Je peux
y trouver de la nourriture (biscuits, riz, thé, etc…), de la vaisselle, des
ustensiles de cuisine, de articles de ménage, du papier toilette et des
serviettes éponge et Bernard y a acheté des porte-manteaux et une bouilloire.
Chaque
jour, les cuisiniers préparent des sandwiches, des rations de plats cuisinés,
des patates douces et des bols de fruits (oranges et grenades) qui sont vendus
aux enfants pendant les récréations, l’une vers 10h30 après 4 cours, l’autre à midi 45 après les 3 suivants et avant les deux
derniers. Ils nous préparent aussi un repas. Je mange seule dans la grande
salle à manger (à l’occasion salle de projection) entre une icône géante de la Cène et une nature morte de
fruits, face à la baie vitrée donnant sur la piscine et à travers laquelle les
enfants en récréation me regardent comme une bête curieuse tandis que j’observe
l’animation de ce temps de courte détente.
Le
déjeuner n’est pas varié : riz au vermicelle et boudin de viande hachée ou
poulet (très) grillé, rondelles nature de tomate et de concombre, orange
pré-coupée en quartiers plus pain et eau en bouteille. Ayant demandé moins de
riz, j’ai maintenant parfois droit à une sorte de moussaka de pâtes et à une
soupe de tomate où baignent des légumes. J’apprécie de varier un peu, d’autant
plus qu’ils savent préparer des aubergines sautées, des frites, des beignets de
légumes et autres bonnes choses pour les buffets. De ma chambre, j’ai aussi le
bruit intense des ustensiles de cuisine !
Le
soir elle est fermée. Comme l’an dernier, j’ai apporté un thermoplongeur,
ancêtre de la bouilloire électrique très efficace et peu encombrant. Le matin
je mange un yaourt et je me fais du thé et le soir, je me prépare une soupe
déshydratée apportée de Paris et je déguste
un pain au lait fourré de crème de gruyère. Pour varier l’ordinaire,
j’ai apporté des rillettes de saumon de France et on m’a donné un stock de très
grandes galettes, genre fines crêpes séchées que j’aime bien.
Pour
la St-Michel
(en novembre ici), Bernard et moi sommes retournés comme l’an dernier au
village de la directrice, accueillis par sa mère, qui cuisine ces galettes et
nous en a offert un énorme sac, et la famille de son frère, le maire du
village. Contrairement à l’an dernier, nous sommes allés tardivement au
sanctuaire mettre une bougie et toucher la peinture murale du saint terrassant
le dragon et la foule s’était déjà éparpillée dans les ruelles avoisinantes.
Dans leur maison familiale où un des fils est mort à 26 ans, sa chambre a les
murs couverts de suintements d’huile inexpliqués : un miracle copte.
Aujourd’hui
vendredi (dimanche pour l’Egypte), je suis allée à la cathédrale où l’office
dure 2 heures ½ mais
j’arrive à mi-course, assez tôt pour voir la communion distribuée aux hommes
d’un coté, aux femmes de l’autre, tous déchaussés et chaussures en bataille
sous les bancs. Les enfants, endimanchés et dispensés de cette formalité,
courent en tous sens avec un paquet ouvert de chips à la main. Après la
distribution de pain béni (rompu en morceaux dans une très grande corbeille à
couvercle) à tous, nous subissons l’abondante aspersion d’eau bénite que l’on reçoit les paumes ouvertes vers
l’officiant qui passe dans les allées. Souvent une femme réclame le reste du
pichet pour le boire ou le faire boire à son enfant.
Ensuite,
on pend autour du cou des enfants de la crèche l’image d’un saint homme copte
ou d’un évêque attachée par un ruban
et des jeunes femmes leur
racontent des histoires saintes ou merveilleuses, je ne sais, ou font des
farandoles en guise d’initiation religieuse. C’est ainsi que j’ai découvert un
nouvel espace dans ce complexe bordé par de hauts murs où je vis : un
jardin fermé et bien fleuri derrière l’école avec des tables et des sièges
découpés dans des rondins de bois et des troncs d’arbre bruts qui donnent un
aspect sauvage à cet espace reposant accessible par le jardin d’enfants, lui
aussi bien décoré et pourvu de jeux, balançoires et toboggans.
A
force d’aller dans tous les recoins du territoire limité auquel j’ai accès,
j’ai aussi découvert derrière la cathédrale une allée de bancs de pierre qui
sont en alvéoles et semblent très appréciés des adolescentes qui s’y retrouvent
ou viennent y étudier au calme.. Je n’ai pas encore fini de découvrir !
Si
vous avez lu cette chronique jusqu’au bout, bravo. Si elle vous a intéressée,
j’en suis contente. Merci pour votre attention. Je ne sais pas si j’aurai le
temps d’écrire à nouveau avant mon départ car le travail m’accapare beaucoup.
Vous verrez bien.
Suite et fin (écrit
le 19 décembre)
Les
neuf cours quotidiens qui s’enchaînent sont juste interrompus par deux courtes
récréations d’un quart d’heure où les enfants se précipitent, quelques pièces
de monnaie à la main, acheter des chips ou des bols plastique de plats cuisinés
(pâtes, riz, hotdogs,…). A force de manger des sucreries et des biscuits salés,
un certain nombre d’enfants sont en grand surpoids : il y en a plusieurs
dans chaque classe !
Ils
laissent le sol jonché de sachets vides et vaisselle sale même si les
nombreuses poubelles installées partout sont vite remplies. Malgré tout, c’est
bien plus propre que la rue grâce à une armée de plus de trente balayeurs et
balayeuses. J’habite dans un espace de beauté et de propreté au milieu de cette
ville et de ce pays.
J’ai
mis à part mes bouteilles en plastique car certains les récupèrent pour gagner
quelques sous. L’Egypte en est aux balbutiements du recyclage et, seules, les
personnes cultivées m’assurent que cela existe. Ceux à qui j’en parle ont du
mal à croire qu’on peut fabriquer une polaire avec quelques bouteilles
recyclées ! On distribue généreusement les sacs en plastique, les canettes
et autres emballages. Les conteneurs dans la rue débordent. Les vide-t-on
jamais ou en brûle-t-on le contenu ? J’en doute. Et les chaussées sont
pleines de détritus variés.
Entre
les cours où je saute d’un niveau à un autre et d’un professeur à l’autre, la
formation des profs et le travail de mise en forme de dossiers et d’outils pour
eux, je ne pensais pas avoir le temps d’écrire encore, d’autant plus que je
passe mes soirées et mes jours libres à travailler pour eux.
Dans
chaque classe, il y a plusieurs enfants aux yeux clairs et parfois des
blondinets. Une petite fille ressemble beaucoup à moi au même âge….mais je
n’avais pas, comme elle, de jolis nœuds de dentelle ornés d’un petit chat en
plastique pour tenir ma couronne de nattes ! Dans l’école, beaucoup ont le
teint très clair et je suis frappée du nombre de personnes vues ici qui
passeraient inaperçues en France.
Elles
sont parfois un peu basanées mais je n’ai pas vu un seul Noir ou métis.
Nous
sommes à 250 kms du Caire, région déjà considérée comme la Haute-Egypte bien
qu’encore dans le nord du pays. Les élèves appartiennent à une classe sociale
plutôt aisée et les adolescents ont presque tous des téléphones portables qu’on
leur supprime avant les cours.
Tony,
mon pourvoyeur en chewing-gums à l’encens, me fait des déclarations insistantes
pour rire par l’intermédiaire d’un jeune traducteur et de sa fiancée, une
gentille rousse au teint d’Anglaise sans ascendance le justifiant…dont on
croirait la petite sœur Irlandaise !.
Comme
plusieurs jeunes Coptes qui me l’ont exprimé, il rêve de voyager ou de quitter
l’Egypte musulmane. Ce chauve sympathique et plaisantin m’a même proposé le
mariage ( !!!) bien que j’aie le double de son âge ! Je lui ai
répondu qu’après avoir réussi à sauvegarder pendant si longtemps ma liberté,
premier principe de la devise française, je n’allais pas à mon âge, aliéner mon
indépendance ! Décidément, des offres de mariage à une septuagénaire, je
ne m’y attendais pas… et pourtant…
Dès
que la loi autorisant le mariage pour tous est passée, une amie marseillaise
sans héritier, de dix ans mon aînée, ne doutant de rien, m’a très sérieusement
aussitôt proposé par écrit de passer devant monsieur le maire. A l’idée de voir
jeter des souvenirs auxquels elle est attachée, elle souhaitait que je
recueille tous les objets qu’elle a rapportés de ses voyages aux quatre coins
du monde…alors que je suis déjà assez encombrée de tous les miens. Et elle
connaissait mal mes convictions !!!
Comme
Tony ne dit pas un mot d’anglais mais a vécu neuf mois au Brésil, j’ai proposé
qu’on échange en portugais mais il semble qu’il y ait vécu en milieu arabophone
car il en sait encore moins que moi !
Dommage
car il faut que je m’entraîne pour les prochaines escales en janvier au Brésil.
Grâce
à lui et à ses traducteurs de fortune, j’ai passé plusieurs soirées sympas à
beaucoup rire autour de la piscine. Il m’a offert en cadeau un porte-clés en
forme de poisson sur lequel est écrit « Jésus ». J’ai appris qu’il y
a un ticket d’entrée (0,60 euro, le prix de 3 stylobilles ici) pour accéder au
« club » où les sièges et tables en bambou en piteux état de l’an
dernier ont été remplacés par de solides fauteuils en plastique foncé imitation
paille tressée d’un bel effet. C’est un havre de paix et de propreté dans cette
ville et les familles viennent y pique-niquer et les amis se retrouver.
Je
suis vraiment dans un joli décor même si l’entretien du matériel abimé laisse à
désirer. Et cependant, il y a toujours des travaux : on vient de monter des
échafaudages en bois le long de la façade du palais de l’évêque qui me semblait
neuve. Par contre, l’échafaudage fait de bric et de broc avec des ficelles
(comme les installations de scouts) me parait précaire. En ce moment, on vernit
des tables rondes si grandes (plus de 2m50 de diamètre) qu’il est impossible
d’en atteindre le milieu. Un soir, j’ai donné un coup de main pour montrer
comment éviter les tapons de vernis que les « artistes » laissaient.
Comme
nous approchons de Noël (célébré le 6 janvier par les Coptes), les décors kitch
fabriqués en Chine fleurissent un peu partout : arbre de Noël surchargé de
babioles et couronné d’un bonnet de père Noël, guirlandes et père Noël
autocollants sur les vitres,…en plus des guirlandes lumineuses qui courent partout.
Comme chez nous, quoi !
Hier,
le jour de mon départ (j’écris dans l’avion du retour et je survole la Grèce entre la mer bleue
parsemée de mini-îlots apparemment déserts et les sommets enneigés), un groupe
de paysans âgés et pauvres étaient invités à une fête : bon déjeuner,
chants qu’ils reprennent en chœur, goûter et distribution de cadeaux :
vêtements, balais, ustensiles de cuisine et de ménage…qu’ils remportent dans
des sacs et cartons portés sur la tête bien que souvent marchant péniblement,
ils soient obligés de s’aider d’une canne.
Peu
de couples, surtout des veuves habillées de noir et tête couverte d’un châle
avec parfois une croix en métal, et des hommes dignes enturbannés et tous en
djellabas. Je les avais photographiés l’an dernier lors de la même fête et
j’avais demandé qu’on leur distribue à chacun sa photo, en laissant ce qu’il
fallait pour les tirages. Hier, tout heureux, ils me reconnaissaient tous et me
racontaient plein de choses que je regrette bien de n’avoir pu comprendre. Tous
voulaient à nouveau être photographiés et j’ai de quoi faire une belle
exposition de portraits de Coptes âgés ! En se voyant sur l’écran, ils
étaient si contents qu’ils baisaient ma main ou…l’appareil de photo lui-même.
Revenons
à l’école. Les jeux des enfants pendant les cours sont les règles en plastique
souple qu’ils tordent dans tous les sens, les tiges internes des stylobilles
qui servent de lance-boulettes de papier et les bracelets en élastiques dont
certains que j’ai confisqués sont des serpentins de cinq mètres de longs,
surtout appréciés des garçons de 8-10 ans.
L’indiscipline
est grande : les enfants se balancent sur leurs chaises dont ils tombent
ou qu’ils cassent, ils écrivent sur leurs pupitres au feutre indélébile, y font
de la gravure sans qu’on leur fasse des remarques. Certains adolescents ne
cessent de parler pendant tout le cours alors que d’autres essaient de suivre
les explications. Les bureaux, souvent de tailles et de styles différents dans
la même salle, ne sont jamais alignés mais installés dans tous les sens,
certains le dos au tableau (…et on m’a demandé de ne rien changer). Alors les
enfants ne voyant rien se déplacent sans arrêt.
La
plupart ne sont pas assis correctement sur leur chaise : leur épais sac
(pire qu’en France, encore plus gros) étant dans leur dos contre le dossier, il
ne leur reste que dix cm pour s’asseoir. Ceux qui l’accrochent sur leur dossier
ont des sièges déséquilibrés par le poids qui se renversent et ils doivent se
lever souvent pour aller y prendre cahiers et crayons. Comme ce fouillis de
tables en tous sens rend impossible de circuler entre les élèves pour corriger
leur travail, ceux-ci apportent leurs cahiers au prof dans un beau chahut.
Mais,
en commençant ce texte, je voulais d’abord vous parler d’une joyeuse fête a
laquelle j’ai été autorisée à me rendre. En pleine semaine, un mardi, Emad, le
prof de français chevronné, fêtait en famille les huit jours de son nouveau-né
Karas dans sa maison dans un village proche de Samalout où une voiture de
l’école m’a conduite. Quelques kilomètres d’autoroute neuve et voici le village
constitué de plusieurs rues parallèles, en terre battue comme en ville. Celle
où habite Emad est obstruée par le camion des ouvriers qui surélèvent la maison
d’un voisin.
Celle
d’Emad est aussi à plusieurs étages et fermée par une grille ouvragée. Le
rez-de-chaussée est occupé par ses parents dont j’aperçois le salon aux murs de
briques brutes plus ou moins cimentées et au canapé effondré ainsi que la
cuisine rudimentaire avec un frigo. L’escalier, comme chez la famille de la
directrice, est aussi laissé brut en attente de finitions qui ne se feront pas.
Sur le palier, une grande affiche de Jésus grandeur nature nous accueille et je
découvre l’appartement tout neuf du jeune couple.
On
entre de plain-pied dans la salle-à-manger avec table et buffet-vitrine
imposants, de lourdes chaises dont l’assise en tissu est tendue de plastique et
un large espace où la famille semble apprécier de s’assoir par terre sur une
natte. Dans le salon, il y a un ensemble de canapés neufs et confortables et
dans la chambre, le lit en bois décoré est assorti à la coiffeuse. Le bébé qui
n’a pas encore de lit partage celui de ses parents, enveloppé dans des
couvertures. La salle de bain est carrelée et la cuisine est bien plus moderne
que la mienne avec son plan de travail en marbre et sa série de jolis placards.
La chambre d’enfant est peinte de couleurs pastel et des frises courent au bord
des plafonds de toutes les pièces fraîchement peintes.
La
réunion est très intime : les parents d’Emad qui ont à peine la
cinquantaine, ses sœurs, l’une jeune mère de famille, l’autre âgée de 10 ans,
les quatre sœurs de son père et des cousins germains. Quelques autres ne font
que passer. Le père d’Emad est chargé de l’entretien d’un lycée, un cousin est
peintre en bâtiment et son frère avocat. Comme tous les gens du village, cette
famille cultive un lopin de terre où poussent des légumes.
Tandis
que les tantes, assises sur le sol, enfilent sur une ficelle des graines de
lupin et des pois chiches ramollis dans une bassine d’eau pour en faire des
colliers qui seront offerts aux voisins, je visionne sur l’ordinateur d’Emad
les films de ses fiançailles et de son mariage montés par un studio. Ils
débutent avec des images de Jésus souriant ou en croix qui se mêlent à des
cœurs avec photos des héros.
Pour
le jeune marié, toute la fête se passe dans la rue devant la maison et tous les
voisins y assistent. Les hommes seuls dansent avec des bâtons tandis que chez
la jeune femme, les femmes se retrouvent entre elles. Les somptueuses robes de
fiançailles et de mariage sont louées et les fiançailles se déroulent aussi
dans la rue où on a installé une estrade, deux fauteuils et un dais au-dessus
des fiancés qui assistent aux danses autour d’un plat de …henné ! Une
arche décorée est enflammée et le jeune couple la franchit. C’est aussi
ensemble qu’ils entrent dans l’église où ils sont couverts de courtes capes
blanches brodées et reçoivent une couronne pour la cérémonie avec le prêtre qui
sert aussi de mariage civil. Emad et Irène se sont rencontrés par Face book par
lequel elle cherchait un professeur !
Nous
avons déjeuné en plusieurs services autour de la table dans de la vaisselle en
métal tandis que la porcelaine restait dans la vitrine, eux avec la main dans
des plats collectifs, moi avec des couverts et mes assiettes personnelles. J’ai
retrouvé le riz au vermicelle de mon quotidien agrémenté des pommes de terre du
jardin et de poulet. Vers 16h on m’a
proposé du riz au lait. Les Egyptiens consomment à chaque repas du riz.
Puis
nous avons dansé sur des rythmes orientaux, je dis « nous » mais je
manque d’entraînement pour la danse du ventre que les jeunes femmes exécutaient
avec brio tandis qu’une joyeuse tante rebondie me donnait des leçons. Ce fut
très gai car chacun voulait danser avec moi. A défait de progrès, je les ai
fait bien rire. Le ridicule ne tue pas.
Grâce
à Emad comme interprète, j’ai questionné les tantes, toutes ayant la tête
enveloppée de voiles noirs et habillées de longues jupes sur des pantalons ou
collants. J’ai noté que les femmes coptes ne montrent ni leurs bras ni leurs
jambes, toujours en pantalon pour les moins de 50 ans et en jupe longue comme
les musulmanes pour les plus âgées. Deux tantes d’Emad, entre 50 et 60 ans, ont
été mariées à 12 ans, une autre à 14 ans. Le mari de l’une d’elles avait 16
ans, l’autre 22 ans. Une était maman à 13 ans. La cousine d’Emad attend son
second bébé à 20 ans. Mais tout change et la génération actuelle n’est plus du
tout tributaire de ses parents pour le choix du conjoint.
Après
la danse, nous sommes passés à des rites. Le petit Karas est de bonne
composition et n’a fait que dormir sans aucun pleur et pourtant il a été bien
transbahuté. D’abord on a rempli une corbeille plate de cacahouètes et de bonbons
sur lesquels on l’a déposé avant de secouer fortement la corbeille et le bébé
dessus pour qu’il s’imprègne de la douceur des sucreries tandis que l’on
agitait bruyamment un pilon dans un mortier en métal, de quoi réveiller un
loir. Juste avant, une tante lui avait fardé ses paupières fermées de khôl
noir, ce qui lui donnait l’air d’un pharaon.
Ensuite
sa maman a dû tourner autour de la corbeille et enjamber quatre fois le
nourrisson. Puis la corbeille portée à bout de bras, le bébé a participé aux danses,
trimbalé dans tous les sens sans broncher. Après avoir fait tourner une coupe
qui contenait un mélange de graines : blé, millet, maïs…,
on
l’en a aspergé et le sol en était jonché. Puis on a donné aux invités des
cornets remplis de pop-corn accompagné de quelques bonbons et cacahouètes et
d’une carte faire-part décorée de bébés blonds. Deux énormes paniers de cornets
attendaient d’être distribués dans la chambre du bébé encore vide.
Après
cette sympathique journée dans une ambiance familiale, chaleureuse et bon
enfant, vers 17 h Emad m’a
raccompagnée en tuc-tuc. Nous sommes passés devant la gendarmerie en ruine
après l’attaque des frères musulmans qui l’incendièrent en août 2013 faisant
plusieurs morts. Dans la ville, des vaches et des ânes rentraient au bercail en
soulevant la poussière au milieu de la circulation et les tas de détritus
encombraient les bordures de chaussées en terre battue.
Samalout
où j’habite est une petite ville qui a défrayé la chronique au point de
susciter des articles dans « Le monde » parisien à deux reprises en
2015. Les carrefours principaux des rues poussiéreuses sont ornés chacun d’une
tête géante de Néfertiti en plâtre coloré et un nouvel exemplaire fut inauguré
en juillet. Cette copie était si laide que les habitants se sont révoltés et il
a fallu la détruire, ce qui a alimenté des articles dans la presse jusqu’en
France…avec photo ! A ce jour les carrioles et les tuc-tucs tournent donc
autour d’un socle de pierres…en attente d’une plus belle effigie.
Mais
l’évènement le plus grave, ce fut d’abord le massacre des jeunes Coptes
décapités en Lybie en février : ils étaient tous originaires de cette
ville ou des environs et leurs funérailles eurent lieu à la cathédrale de ce
complexe. Plusieurs élèves de l’école sont des orphelins de cette tuerie et un
des employés y a perdu deux de ses frères.
Un
dimanche, j’ai aperçu dans la cour de l’école un rassemblement de jeunes
enfants de 8 à 12 ans encadrés par des scouts. Ceux-ci font souvent le service
d’ordre à l’entrée de la cathédrale ou lors de manifestations au club
surveillant les bords de la piscine. Ce jour-là, ils organisaient une réunion
pour les jeunes candidats au scoutisme et les scouts en grand uniforme couvert
d’insignes les accompagnèrent au pas cadencé dans la grande salle de théâtre de
l’école qui était plus que remplie, les scouts aînés faisant des doubles haies
dans les escaliers. A ma grande surprise, l’évêque en personne est arrivé avec
sa crosse, sa grande croix pectorale, sa belle barbe blanche et son bonnet orné
de petites croix brodées (mais pas le turban habituel ni la mitre que revêt le
prêtre pendant l’office).
Il
a fait un petit discours, puis on a projeté une vidéo sur les réalisations des
scouts et plusieurs enfants se sont exprimés au micro, semble-t-il pour dire
leurs convictions.
On
a apporté solennellement des drapeaux au son de tambours, fait le geste scout,
pousser des cris genre «Baghera » à plusieurs reprises. Ensuite l’évêque a
remis des diplômes qu’il venant de signer et
des coupes dorées de toutes tailles, enrubannées et surmontées de son
effigie à des chefs scouts, garçons et filles, qui venaient les chercher sur
l’estrade en baisant la main de l’évêque et en s’esquivant vite. Finalement
j’ai quitté la salle pour aller déjeuner à 15h.
J’avais oublié l’heure !
Ma
dernière découverte dans mon complexe est une boulangerie-pâtisserie d’où
proviennent les bons pains au lait frais qui me sont servis et que je préfère
au pain local, une galette souple légèrement cuite directement sur le feu avec
traces de brulé.
On
y confectionne de superbes gâteaux aux décors artistiques dessinés au chocolat
fondu et ornés de fruits astucieusement découpés et présentés en forme d’animal
ou autre. On y prépare des biscuits sablés, des tartes, des gâteaux individuels
orientaux et occidentaux, des croissants couverts de miel, des pains au sésame.
Voir la camionnette pleine prête à livrer toutes ces merveilles donne l’eau à
la bouche et on m’y a gentiment fait goûter.
J’ai
aussi été conviée à l’anniversaire de Shery, la fillette de six ans de la
sympathique directrice des études de l’école de langues, une musulmane parlant
bien anglais. Cela avait lieu pendant une récréation dans la classe et ses
professeurs étaient conviés. Un splendide gâteau avec l’effigie de l’enfant
imprimée sur la crème était entouré d’assiettes en forme de cœur. L’enfant a
été couverte de cadeaux mais, je ne sais pourquoi, boudait dans son coin et
refusait de sourire au photographe ! Ses petits compagnons mangeant debout
étaient tout barbouillés de crème fouettée.
Et
ma chronique égyptienne 2015 se termine sur cette note souriante.
Je
suis bien contente d’avoir pu la terminer dans l’avion. J’espère que vous avez
eu l’impression de vous trouver en Egypte avec moi. Je ne sais pas si j’y
retournerai bien qu’une coupure dans la vie parisienne ne m’ennuie pas et que
les volontaires y fassent du bon travail. Maintenant, nous avons laissé tous
les outils pour que les professeurs de français deviennent efficaces. C’est à
eux de s’en servir au mieux. Alors on verra.
Inch’Allah !
Chantal Barre
décembre 2015
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